À Hifo, 10 ans après.
- Jean-Michel BARDOU

- 8 oct.
- 2 min de lecture

Cette année , tu aurais eu trente ans. On aurait sans doute partagé les photos de tes diplômes, de ta première voiture, peut-être celles de tes enfants. Des souvenirs de tes voyages, de tes sourires, de ta vie.
Mais à la place, ce sont des photos de plantes qu’on envoie. Les plantes qui poussent sur ta tombe. Elles sont d’ailleurs parmi les plus belles du cimetière, pourtant, rien n’adoucit cette réalité insupportable : en ce jour d’anniversaire, dix ans après ta disparition, je ne ressens qu’un c ri intérieur. Une colère sourde. Une révolte qui ne passe pas. Je ne m’y fais pas. Je n’arrive pas à accepter l’idée que tu ne sois plus là. Que la mort ait pu t’arracher à nous ainsi.
Ce qui t’est arrivé est inacceptable, et ton absence l’est tout autant.
Tu nous manques terriblement.
Peut-être que tu vois tout cela, de là où tu es. Peut-être que tu ris un peu en observant le chaos d’ici-bas, en te disant que tu es mieux là-haut. Parce qu’en bas, depuis quelques années, le monde s’effondre.
Depuis le COVID, quelque chose s’est brisé. Le rêve d’une humanité unie, le sentiment d’un avenir commun, tout cela a volé en éclats. La guerre est partout — en Ukraine, à Gaza, en Iran — et chacun regarde l’autre souffrir en disant : “bien fait pour eux”. La haine circule librement. La compassion, elle, se fait rare.
Je ne reconnais plus le monde dans lequel on vivait, ce monde dans lequel tu espérais reconstruire ta vie. Il ne reste plus grand-chose de ce rêve.
Alors, non, tu n’as rien raté.
Et ici, ceux qui restent font ce qu’ils peuvent. On essaie de rester humains, d’agir avec bonté, même à petite échelle. Peut-être que ça ne sauvera pas le monde. Mais peut-être que ça sauvera les gens qu’on aime. Et c’est déjà ça.
Le reste… non, vraiment… tu n’as rien raté.
Mais tu nous manques
Racha
Disponible aussi en version numérique EPUB ici.











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